in La vie de Moïse II, SC, Éditions du Cerf, Paris, 1968, p. 266-269
«Tu ne pourras voir mon visage. En effet nul homme ne verra mon visage sans mourir.» L’Écriture nous dit cela non en ce sens que cette vue puisse devenir cause de mort pour ceux qui en jouiraient. Comment en effet le visage de la Vie serait-il jamais cause de mort pour ceux qui s’en approchent ? Mais l’Être divin étant vivifiant (zôopoion) par essence, et d’autre part le caractère distinctif de la nature divine étant d’être au-dessus de toute détermination, celui qui pense que Dieu est quelque chose de déterminé, passe à côté de Celui qui est l’Être par essence, pour saisir ce que l’activité subjective de l’esprit prend pour l’Être, et n’a pas la Vie. Car la Vie véritable c’est Celui qui EST par essence. Or cet Être est inaccessible à la connaissance […]. Ce que Moïse désire, voir le visage de la Vie, s’accomplit donc pour lui par là-même que son désir demeure inassouvi.